Le bakhtinisme est un inhumanisme
Yan Hamel

COMPTE RENDU DE :
Jean-Paul Bronckart et Cristian Bota, Bakhtine démasqué. Histoire d’un menteur, d’une escroquerie et d’un délire collectif, Droz, 2011.

But the truth is, nothing delights me more than a biography
of one of the truly great that proves he or she was an absolute shit.

Mordecai Richler, Barney’s Version

Il ne fait aucun doute que l’accablant pavé cosigné par Jean-Paul Bronckart et Cristian Bota a tout ce qu’il faut pour donner aux Barney Panofsky de ce monde les plaisirs de lecture pervers dont ils se délectent : on y apprend en effet non seulement que le théoricien au nom de qui sont associés les concepts de polyphonie, de carnaval et de chronotope fut un menteur, un escroc et l’instigateur d’un « impressionnant délire collectif » (p. 275), comme l’indique le transparent sous-titre de l’ouvrage, mais aussi que Bakhtine fut un thuriféraire de Staline très marqué à droite, qu’il méprisa le marxisme, écrivant pour des organes slavophiles et religieux dont l’idéologie était « radicalement réactionnaire1 » (p. 408), qu’il éprouva une constante « aversion pour les connaissances humaines » (p. 371), qu’il occupa sur le terrain intellectuel une « position effective […] avoisin[ant] l’autisme » (p. 376), qu’il eut des idées se caractérisant à la fois — et plutôt contradictoirement — par la « banalité » et par la capacité à produire de « sérieux dégâts philosophiques » (p. 367), qu’il écrivit des textes d’une « médiocrité intrinsèque » (p. 554) et fit des déclarations « dramatiquement stupides » (p. 571), qu’il s’inscrivit dans « une perspective régressive et destructrice » (p. 408), qu’il plagia sans vergogne à tous les râteliers, qu’il fut toutefois incapable d’« articuler de manière cohérente les cadres théoriques des divers auteurs qu’il plagiait » (p. 301), qu’il reprit « mollement » le « thème du dialogisme » (p. 223) à Volochinov, qu’en s’emparant des trois grands textes disputés2 il fit preuve d’« un répugnant cynisme » (p. 257), qu’il fut perclus de ressentiment et d’amertume à l’endroit des deux génies dont il s’est approprié les œuvres (p. 555), qu’il laissa spécieusement croire à l’existence d’un Cercle de Bakhtine, que ses textes de vieillesse furent « largement remaniés par d’autres » (p. 143), qu’il élabora dans ses écrits de jeunesse des thèses « simplificatrices et confuses (voire proprement inintelligibles) » (p. 117), qu’il fut toujours trop paresseux pour terminer un travail et que, pour toutes ces raisons, il provoqua « l’un des plus spectaculaires exemples d’intoxication intellectuelle qu’ait connu le XXe [siècle] » (p. 269).

Voilà une « ténébreuse » (p. 14), « triste » (p. 333), « intrigante affaire » (p. 70) qui a ensuite été aggravée, amplifiée, noircie et brouillée encore davantage, transformée en une « campagne fructueuse à tous égards » (p. 11) — la Bakhtin Industry — par les cohortes successives des disciples : les adeptes du bakhtinisme, cette « approche de la littérature a-épistémologique, a-théorique, ou encore tout simplement “bien-pensante” » (p. 275). Sous l’impulsion des « promoteurs russes de l’affaire » (p. 136), qui ont les premiers accompli une « réécriture de l’histoire » (p. 194) visant à faire de « leur si rentable idole » (p. 13) l’objet d’un « culte de la personnalité […] en Union soviétique » (p. 194), nombre d’intellectuels occidentaux ont emboîté le pas, diffusant à leur tour « le mythe de Saint-Bakhtine » (p. 319), entreprenant spielberguement de « sauver le soldat Bakhtine3 » (p. 327) en en faisant à la fin des années 1970 « une sorte de héros providentiel pour les sciences de la littérature » (p. 85) et contribuant par-là à provoquer « l’ensemble des désastreuses conséquences que l’on connaît » (p. 583). Issus de « l’ignoble contexte global de l’escroquerie » (p. 311), montrant à peu près tous que « la profonde indigence de la sémiologie proprement bakhtinienne a déteint sur celle de ses adeptes » (p. 315), les ouvrages phares publiés jusqu’à présent sur Bakhtine sont donc « littéralement fondés sur le mensonge » (p. 275); par leur faute, « le mensonge fondateur du bakhtinisme continue, encore et toujours, de produire ses effets dévastateurs » (p. 517). Mais, surmontant le « dégoût que pourrait susciter pareille prose » (p. 154), Bronckart et Bota donnent enfin l’heure juste sur les principales « élucubrations » de la « supercherie bakhtinienne » (p. 189). Mikhaïl Bakhtine le principe dialogique (1981) est un « monstrueux “montage” » (p. 275), un « travail complexe et souvent aux limites de l’intelligibilité » (p. 105), dans lequel Tzvetan Todorov crée des amalgames afin de livrer une « interprétation falsifiante » (p. 131), se rangeant finalement à la thèse de l’omni-paternité4 « pour des raisons que nous préférons ne pas tenter de comprendre » (p. 177). Dans The Bakhtin Circle. Philosophy, Culture and Politics (2002), comme du reste dans ses nombreux autres ouvrages sur la question, Craig Brandist « procède à une sollicitation des textes qui laisse pantois, et que l’on est contraint de qualifier de proprement scandaleuse » (p. 552). Les attaques les plus lourdes sont toutefois dirigées contre les « ragots colportés par [Katerina] Clark & [Michael] Holquist » (p. 311) dans leur biographie, Mikhail Bakhtin (1984). Se démarquant notamment par son « indigence méthodologique » et par ses « erreurs factuelles » (p. 201), cette « obscène entreprise » (p. 467) est d’un « caractère proprement monstrueux [… et] constitue un exceptionnel condensé d’approximations, d’inventions et de pseudo analyses », lesquelles ont entraîné « de très graves conséquences sur l’évolution des sciences des textes et de la littérature » (p. 588). Cette biographie est en fait si tendancieuse et si déficiente qu’elle suffirait à prouver hors de tout doute, contre les intentions de ses auteurs, que la thèse de l’omni-paternité bakhtinienne est fondamentalement insane et malhonnête : « [L]es diverses argumentations [que Clark et Holquist] proposent sont à ce point gratuites, contradictoires, fallacieuses et calomniatrices qu’elles font clairement apparaître que cette thèse ne relève que d’une bien peu reluisante machination » (p. 177). Devant tant de perfidie, une conclusion s’impose : Michael Holquist est un « slaviste américain manifestement cautionné, voire délégué, par les promoteurs moscovites de Bakhtine » (p. 133)

Le dévoilement de ces âpres vérités repose sur un triple travail, remarquable à plusieurs égards, d’historien, de lecteur et de rhéteur.

Penchons-nous d’abord sur l’extraordinaire accomplissement d’historien, qui fut aussi, puisque des injustices et qu’un complot devaient être démasqués, une agressive activité d’enquêteur, d’accusateur et de juge. D’aucuns pourraient s’imaginer que l’entreprise consistant à faire la lumière sur la vie de Bakhtine, sur ses (in)accomplissements, sur la place qu’il n’a pas occupée dans la société intellectuelle soviétique de l’entre-deux-guerres et sur la véritable nature de ses rapport avec Volochinov et Medvedev demanderait pour le moins une solide connaissance du russe, doublée de la consultation d’archives, de la découverte de sources premières ou de la production de témoignages n’ayant jamais été jusqu’à présent rendus publics par les conspirateurs bakhtinistes. Il n’en est rien. Les traductions du russe et les sources secondes accessibles à tous suffisent amplement pour démontrer que Bakhtine n’écrivit pas les textes disputés, qu’il n’inspira aucune idée neuve aux chercheurs, aux théoriciens et aux universitaires soviétiques des années 1920 et 1930, qu’il n’y eut jamais aucun réseau de sociabilité intellectuelle méritant après coup d’être rebaptisé le « Cercle de Bakhtine », mais que, au contraire, Volochinov et Medvedev firent don de Problèmes de la poétique de Dostoïevski à Bakhtine afin de lui venir en aide peu après qu’il eut été arrêté. On doit en outre saluer les puissantes capacités exégétiques de Bronckart et Bota qui en sont arrivés à ces renversantes révélations après avoir consulté, au grand total, non moins de deux ouvrages proprement historiques : les « biographies fondatrices » (p. 40), c’est-à-dire celle de Kojinov et Konkine, qui est « [r]elativement sommaire (12 pages) » (p. 40), et celle de… Clark et Holquist, « en s’en tenant aux faits qu’ils ont établis, abstraction faite de leurs insidieux commentaires » (p. 303). Une discrimination tout aussi habile a encore été réalisée dans les entretiens de Bakhtine, qu’il faut évidemment discréditer, mais en sachant conserver et utiliser les précieux renseignements qu’ils sont seuls en mesure de donner : « En dépit de leur caractère extrêmement confus, ces entretiens fournissent néanmoins quelques informations utiles concernant : l’engagement religieux et politique de Bakhtine dans les années 1920; la nature de ses contributions aux cercles de l’époque (et en conséquence la nature de ses rapports avec Volochinov et Medvedev); les conditions de rédaction, puis de réédition, du Dostoïevski. » (p. 262) S’ils critiquent avec raison l’absence, chez Holquist et consorts, de la moindre pièce probante attestant que Bakhtine aurait écrit les textes disputés ou même qu’il aurait participé oralement à leur rédaction, les auteurs de Bakhtine démasqué savent se placer sur le terrain de leurs adversaires en reconnaissant avec candeur que « pour l’instant, [ils ne disposent], ni de témoins, ni d’une quelconque preuve matérielle » (p. 591) Une telle manière de travailler procure de grandes libertés; elle ouvre de vastes horizons interprétatifs dont le passage suivant donne une assez juste idée :

[J]usqu’à la fin de sa vie comme nous allons le voir, Bakhtine croyait fermement en l’existence de valeurs suprêmes, d’essence divine; mais dans la mesure où Dieu n’est concrètement guère disponible, n’était-il pas parfois tenté de s’en remettre, par défaut, aux valeurs de l’Autorité idéologique suprême alors accessible [le stalinisme], comme le fit en son temps Heidegger, l’auteur qu’il cite le plus souvent dans ses écrits tardifs et auquel les férus bakhtinistes se plaisent à le comparer? (p. 560)

Les naïfs peuvent supposer que l’Histoire est une science fondée sur la recherche, la découverte, la sélection minutieuse et l’analyse critique des traces du passé. Bronckart et Bota confèrent une autre dimension à la discipline; ils accroissent considérablement son potentiel heuristique en en faisant un art inquisitorial de l’intuition, de la supposition contrefactuelle, de la lecture entre les lignes, du décodage au second degré, du renversement hardi et de la (re)construction débridée qui est, et c’est là un autre des grands mérites de leur livre, explicitement revendiqué comme tel.

Les passages consacrés à la situation contemporaine manifestent une perspicacité et une audace similaires. Prenons pour exemple l’un des extraits où Bronckart et Bota récriminent à propos des sordides dessous financiers motivant le mensonge initial et la perpétuation de l’affaire :

La thèse de l’omni-paternité bakhtinienne constitue en réalité une fable à laquelle un enfant de dix ans n’aurait accordé aucun crédit, et elle s’inscrit à l’évidence dans le cadre d’une escroquerie, intellectuelle certes — nous y reviendrons ci-dessous —, mais aussi et peut-être même surtout financière, dans la mesure où, dans leurs versions russes et dans l’immense majorité de leurs traductions, les œuvres de Volochinov et de Medvedev continuent d’être publiées sous le nom de Bakhtine, … et donc au bénéfice des légataires universels de ce dernier. (p. 587)

Pour ceux qui savent réfléchir, il va de soi que « la diffusion internationale de l’œuvre reconstituée du maître » est « lucrative » (p. 237). Aussi est-il possible de dénoncer cette « rentable entreprise » (p. 274), d’être indigné par « l’ensemble des profits du commerce bakhtinien » (p. 274) en faisant l’économie d’une enquête, d’une part, établissant qui sont les peu recommandables « légataires universels » profitant des droits d’auteur usurpés et, d’autre part, chiffrant le montant que ces droits ont généré depuis le moment où « l’escroquerie » a été montée.

Qu’en est-il, maintenant, de la lecture sophistiquée mise en œuvre par les deux critiques? Une partie importante de la démonstration repose sur l’examen des textes et des déclarations de Bakhtine ainsi que sur la comparaison entre les livres signés de son nom lors de la première publication et ceux initialement signés Volochinov et Medvedev. On pourrait à nouveau croire que la réalisation d’un tel projet exige au minimum la maîtrise de la langue russe. Et, à nouveau, force est de reconnaître qu’il n’en est rien. Les auteurs le signalent d’ailleurs eux-mêmes en début de parcours, dans une note préliminaire où ils remercient ceux sans qui les textes leur seraient demeurés inaccessibles : « Nous sommes infiniment redevables envers l’ensemble de ces traductrices et traducteurs, sans lesquels notre propre travail eût été impossible » (p. 16). Alors qu’aucun critique russophone ne parvient à trancher l’épineux problème de l’auctorialité des textes disputés, Bronckart et Bota en viennent à clore « définitivement » (p. 587) l’affaire. Ils établissent à son propos une vérité « indiscutable » (p. 554), et ce, malgré l’obligation de passer par la médiation de diverses traductions, qui ont été produites par une quinzaine de personnes différentes, entre 1970 et 2010, et qui aboutissent à trois langues cibles (le français, l’anglais et l’italien). Par une étude « attentive du contenu », ils peuvent sans grande difficulté renverser diamétralement le sens d’une lettre de Bakhtine, bien que la lettre en question ait été traduite en français (par eux-mêmes) à partir d’une première traduction du russe vers l’italien (p. 241). Ailleurs, c’est d’après leur propre traduction française de la traduction anglaise de la version originale russe de la transcription d’un échange oral entre Sergei G. Bocharov et Mikhail Bakhtine qu’ils peuvent analyser, toujours « très attentivement (ou plus attentivement que Bocharov), ce que dit vraiment Bakhtine » (p. 254), etc. Il y a là une acuité de déchiffrement tout à fait stupéfiante, une vertigineuse aptitude à saisir l’essence première de la signification des textes en dépit d’obstacles qu’une critique ordinaire, et timorée, tiendrait pour insurmontables !

Le travail sur la rhétorique accompli par Bronckart et Bota est non moins époustouflant. Les nombreuses citations incorporées au présent compte rendu ont déjà montré avec quel furieux courage les deux auteurs savent franchir les limites d’un bon ton, d’une bienséance et d’un respect d’autrui conventionnels pour user des mots justes, des invectives vigoureuses aptes à définir les atroces intentions, les caractères immondes et les abjects agissements de ceux qu’ils portent au pilori. Bakhtine démasqué illustre magistralement que, dans le monde universitaire francophone, les beaux jours du pamphlet incendiaire ne sont pas révolus ! Mais là n’est toutefois pas, à mon sens, la qualité la plus éclatante de cette prose. L’effrayante puissance d’impact de l’écriture se double d’une générosité logorrhéique qu’on pourrait difficilement imaginer plus grande. Peu d’ouvrages contemporains témoignent de façon aussi convaincante qu’il est possible de ne jamais avoir fini de s’étonner (et de s’outrer) devant le spectacle du mal. Prodiguant avec largesse les italiques, les points d’exclamation (fréquemment triplés tant le scandale dépasse la mesure), ainsi qu’un arsenal impressionnant d’autres marques d’insistance, Bronckart et Bota insufflent une dimension épique au ressassement, faisant preuve d’une capacité apparemment inépuisable à réutiliser les mêmes mots et les mêmes formules pour marteler les mêmes coups, renfoncer les mêmes clous, défoncer toujours les mêmes portes. Encore une fois, dans le souci de ne pas vous gâcher le plaisir de lecture, tant il est certain que vous vous précipiterez bientôt à la recherche de ce passionnant ouvrage, je me limiterai à un seul exemple. Arrivé à la page 269 d’un livre sous-titré Histoire d’un menteur, il n’est pas inutile, après l’avoir déjà écrit un nombre incalculable de fois, de recourir aux caractères gras pour réitérer que « Bakhtine a menti » (p. 269). Et il est assurément précieux pour la démonstration de délaisser une page plus loin le passé composé pour le présent de l’indicatif en affirmant à nouveau, toujours en caractères gras, que « Bakhtine ment » (p. 270) De cette manière, une quarantaine de pages plus loin, nous pouvons être sûrs que le lecteur obtus, oublieux, inattentif ou récalcitrant devra se ranger à l’évidence et reconnaître que les « mensonges de Bakhtine ne sont plus à démontrer » (p. 313). Mais, parvenu à ce stade, il pourrait être encore nécessaire de rappeler de quelle façon Bakhtine a menti, ce que fait un passage lapidaire de la page 321 : « Bakhtine a menti gravement  […]. » (p. 321) Est-il besoin de préciser que les flux textuels qui précèdent et qui suivent déclinent à profusion la surabondance des modalités du mensonge bakhtinien en puisant à un richissime catalogue d’adverbes? Le seul aspect de la question jamais éclairci au fil des resucées d’insultes est celui de savoir pourquoi, exactement, Bakhtine a tant menti. Comme quoi même les meilleurs ne parviennent pas toujours à tout élucider.

« Le pire qui puisse arriver à un texte/discours », écrit Todorov commentant le concept de dialogisme, « est l’absence de réponse5 ». C’est là un faux danger, produit d’un point de vue typiquement bakhtiniste. En fait, il s’agit plutôt du sort enviable par excellence que devrait vraisemblablement connaître la somme antibakhtinienne de Bronckart et Bota. Tout porte aujourd’hui à croire que la parution de cet ouvrage puissamment apodictique, et apparemment imparable, coupe le souffle à toute opposition, interdit quelque polémique ou discussion que ce soit. Chose certaine, cette nouvelle bible écrasante de vérité monologique marque un tournant important dans la manière avec laquelle le public de la francophonie sera appelé à se représenter le philosophe russe et à penser la nature de son legs intellectuel et théorique. Pendant plusieurs mois, en effet, la page Wikipédia consacrée à l’auteur d’Esthétique et théorie du roman a donné pour seules références un article de Bronckart et Bota, ainsi que le Bakhtine démasqué6. Il faut sans doute y voir la preuve que les vils bakhtinistes ne trouvent plus de mots pour répliquer, qu’ils ont enfin perdu la partie et que, tout bien considéré, ce ne sont pas des comploteurs très sérieux. On pourra aussi se réjouir en pensant que, à l’époque de Bakhtine, un appareil totalitaire était nécessaire aux réécritures de l’histoire alors que de nos jours, n’importe qui, à n’importe quel moment, peut altérer la parole de l’autre, l’effacer, masquer les points de vue qui divergent du sien pour réécrire, à sa guise, ces réécritures.

Référence : Jean-Paul Bronckart et Cristian Bota, Bakhtine démasqué. Histoire d’un menteur, d’une escroquerie et d’un délire collectif, Genève, Droz, coll. « Titre courant », 2011, 629 p.

Notes de bas de page numériques:

1  Les auteurs soulignent. Dans le reste de ce compte rendu, tous les italiques et tous les caractères gras sont le fait de Bronckart et Bota.

2  Je rappelle pour mémoire qu’il s’agit du Freudisme et de Le Marxisme et la philosophie du langage, initialement signés Volochinov, et de La Méthode formelle en littérature, initialement signé Medvedev.

3  Cette amusante manière de présenter les choses est utilisée une seconde fois à la page 554 de l’ouvrage.

4  C’est-à-dire à la version des faits selon laquelle Bakhtine aurait été l’auteur des trois textes disputés.

5  Cité par Bronckart et Bota, p. 132.

6  http://fr.wikipedia.org/wiki/Bakhtine. Consulté pour la dernière fois le 27-01-2012.