Le Vide, pays de frontière de Roland Barthes

Auteurs-es

  • Willy Paillé

DOI :

https://doi.org/10.18192/analyses.v10i2.1315

Résumé

Dans sa recherche d’une langue qui accueille l’autre, ou l’ailleurs, le Vide est pour Roland Barthes une notion fondatrice et limite. Si, pour des raisons culturelles, il la tire essentiellement du Japon, et originellement de la Grèce, un tour d’horizon dans son œuvre montre qu’elle relève en fait, structurellement — géographiquement et littérairement, via la géométrie et le goût du fragment —, d’un paysage en forme d’Archipel, d’un voyage sans attache fixe (apparemment). C’est cette Dérive d’île en île, de fragment en fragment — la délimitation précise donnant, comme l’insularité dont parle Régis Debray dans son Éloge des frontières, « un fond d’homogénéité » —, qui fait de la Frontière, en contrepoint, un thème plus important qu’il ne semble être dans l’œuvre de Barthes. Peut-être négativement, sous l’espèce du sans-frontière? Non. Bien au contraire, car le Vide apparaît comme une force permettant de « soutenir la cause décriée des lisières et des confins », pour reprendre Debray. De sorte que s’il y a une poétique du Vide dans l’œuvre de Barthes, il y a aussi une poétique de la Frontière et que, pour amorcer une première, et rapide, description de cette poétique réversible, nous avons cru bon de nous porter nous-mêmes à la limite de la notion de Vide — donc au plus près du thème de la Frontière — en inscrivant la démarche de notre étude dans les pas d’un petit texte de Barthes consacré à la notion de Ma dans l’architecture japonaise. Il est donc ici question du Vide — de la Frontière — comme pays (de l’écriture), comme histoire (de ma vie), comme expérience (de la mort), comme concept (de Vita Nova), comme sensibilité (la Nuance), comme avenir (du roman — ou de la lecture) et comme crainte et nostalgie.

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Dossier - La frontière en soi. Vivre et écrire entre les lignes