Le témoignage élaboratif d’Esther Mujawayo : quand il ne reste que les mots
DOI :
https://doi.org/10.18192/analyses.v10i3.1417Résumé
Dans son récit testimonial La Fleur de Stéphanie (2006), écrit en collaboration avec son amie journaliste Souâd Belhaddad, Esther Mujawayo relate cette période difficile où, en 2005, elle a dû faire face au tueur de sa sœur Stéphanie au Rwanda. Dans cette étude, il s’agit de montrer qu’au travers d’un témoignage dit « élaboratif », Esther Mujawayo fait entendre sa voix traumatisée de victime, mais aussi celles de professionnelles impliquées dans le système de reconstruction nationale. Livrant ses réflexions sur la justice et sur la douleur du souvenir en utilisant divers procédés énonciatifs et discursifs, Mujawayo dévoile les limites et les impacts (sociaux, émotionnels, psychologiques) des tribunaux gacaca. Peut-on parler de réconciliation quand certains tueurs nient ou mentent ? Même si le tueur parle, comment faire face à son mensonge sans tomber dans la folie ? Quelle justice paraît adéquate face à l’horreur des révélations ? Partagée entre distance et emportement, entre parole et silence, entre guérison et reviviscence du trauma, Esther Mujawayo lutte avec les mots pour se construire un avenir et entretenir « une mémoire contre l’oubli ».
Téléchargements
Publié-e
Numéro
Rubrique
Licence
Les textes sont publiés sous licence Creative Commons Attribution, pas d’utilisation commerciale (CC-BY-NC) et restent la propriété de leurs auteurs. Ceux-ci sont seuls responsables du contenu des textes publiés.