Comment échapper à la honte du <i>zamel</i>. Vers la construction de la masculinité maghrébine queer

Auteurs-es

  • Daniel Maroun

DOI :

https://doi.org/10.18192/analyses.v11i3.1830

Résumé

À travers une étude de trois ouvrages, Le Jour du Roi, Une mélancolie arabe et L’Armée du salut d’Abdellah Taïa, j’examine la construction d’une masculinité maghrébine queer au Maroc, qui n’avait guère d’autre expression que celle du zamel, terme péjoratif de l’arabe qui se rapporte à un homme aimant se faire pénétrer par d’autres hommes. Le zamel est la honte d’une société hétéro- et islamo-centrique dont les normes sont construites à partir de la soumission au patriarcat. Pourtant, cet article explorera comment Taïa récupère une masculinité queer marocaine auprès de la féminisation coutumière que subit cette population périphérique. Afin d’affirmer l’existence d’une masculinité queer dans ces trois textes, je propose une lecture où l’écrivain déconstruit le pouvoir du patriarcat, dont la chute permet de nouvelles expressions hors des normes marocaines. En effaçant la dominance sociosexuelle et culturelle du roi et, par-delà, de la paternité comme concept social dans Le Jour du Roi, Taïa construit un monde littéraire qui permet une réécriture de l’expression de la marocanité, en particulier l’expression d’une masculinité queer marocaine. Cette lecture possible apparaît également dans Une mélancolie arabe et dans L’Armée du salut, où le narrateur-protagoniste réaffirme son existence et sa masculinité face aux confrontations d’une société qui les qualifie injurieusement de zamel. Par l’ensemble de ses textes, Taïa cherche à se bâtir une identité masculine marocaine qui est queer dans une société où celle-ci n’a pas d’expression. Ces textes servent d’espace de confrontation entre l’islamonormativité et sa sexualité.

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Publié-e

2016-09-05

Numéro

Rubrique

Dossier - Abdellah Taïa : poétique et politique de l'écriture