« Rester caché, être découvert » : les paradoxes de l’incarnation de la lettre chez Georges Perec
DOI :
https://doi.org/10.18192/analyses.v3i1.510Résumé
Dans l’œuvre de Perec se dessine une poétique d’incarnation de l’écriture qui s’articule autour de l’investissement de la matérialité de la langue. W ou le souvenir d'enfance en donne une formulation particulièrement nette et suggère comment celle-ci se fonde sur la lettre, à laquelle est donné le rôle d’inscrire une trace du corps dans le texte. Mais la lettre est chez Perec signe du manque autant que de la présence des corps : elle se fait aussi épitaphe pour marquer dans l’écriture la disparition du corps des figures parentales. Le lien qui unit si fortement dans son œuvre la lettre et la disparition des êtres témoigne également des ambivalences d’une telle tentative d’écrire le corps, de faire se rejoindre les réalités fondamentalement hétérogènes de la chair et du signe : le « corps » de la lettre pourrait au final autant dire le corps que l’occulter ou se substituer à lui.
Abstract
In Perec’s work emerges a poetical embodiment of the writing, through the extensive use of the material aspect of the language. W ou le souvenir d’enfance gives of it a particularly clear formula. The book shows how it is based on the letter, whose role is to engrave a trace of the body in the text. But with Perec the letter points out the void as well as the presence of the bodies. Epitaph it can be too to mark in the writing the disappearance of the parental figures’ bodies. In his work, the relationship that links so strongly the letter to death also shows up the ambivalence of such an attempt to write about the body, to join up basically heterogeneous realities such as the flesh and the sign : the “body” of the letter could eventually express the body as much as hide it or substitute for it.
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