La Flamme bibliographique : tradition et récits
DOI :
https://doi.org/10.18192/analyses.v6i2.617Résumé
On parle souvent des recueils de bibliographie comme d’ouvrages sans spécificité d’écriture : on y trouverait des fragments, des références à consulter, et non une poétique du discours savant. On y lit moins souvent encore des récits ! Dans l’imprécision et l’absence de définition générique, le terme « bibliographie » semble être appliqué par défaut, comme une non-détermination : les références seraient accumulées avec un souci de neutralité littéraire et constitueraient un hors-texte, au service des textes, sans écriture. Le lecteur consulterait, sans la lire, la bibliographie pour accéder au texte. Or, une analyse des titres et cohérences de trois grands recueils fondateurs de la tradition bibliographique en français (Bibliothèque Française de François Grudé de La Croix du Maine, 1585 ; Jugements des Savants d’Adrien Baillet, 1685 ; La France Littéraire de Joseph-Marie Quérard, 1827) fait apparaître poétiques, discours et récits qui s’assemblent en une œuvre collective et mémorielle. Le motif narratif de l’enfant-bibliographe devient alors l’emblème des célébrations bibliographiques de la tradition.
Abstract
One often uses the word “bibliography” as a place-holder term, that could designate a catalogue, a repertory, a description... Even more, bibliographies would be considered as works without a literary coherence nor depth: they would be commodities, gatherings of titles and references meant to be checked or consulted, never read as such. One rarely expects to find a discourse, and even less a narrative in these non-descript collections of fragments. Lacking precision and generic content, the word seems to be used by default, as a non-determination. References would then be collected and delivered with minimal auctorial or stylistic intervention so that they form a non-text, useful for accessing the real texts: those they refer to. One would then be authorized (and supposed) to read through bibliographies without reading them as texts. Now, a careful reading of three seminal bibliographies written for the French literature (Bibliothèque Française de François Grudé de La Croix du Maine, 1585 ; Jugements des Savants d’Adrien Baillet, 1685 ; La France Littéraire de Joseph-Marie Quérard) brings a much more nuanced picture : there is a bibliographical genres, individual bibliographies do deliver discourses, they do tell stories and, joined to each other, they do take part in a collective and memorial project serving the formation and the recognition of cultural identity. The figure of the bibliographer-child can thus be taken as an emblem for the bibliographical celebration of tradition.
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