La fiction à force de réel : Jean-Charles Massera / Édouard Levé
DOI :
https://doi.org/10.18192/analyses.v4i2.629Résumé
Plutôt que d’inscrire le réel dans la fiction ou d’ancrer la fiction dans le réel : transformer le réel en fiction en investissant les modes déjà constitués de sa représentation. J. Ch. Massera et É. Levé pratiquent deux formes opposées de détournement et de réappropriation, par excès chez l’un, par défaut chez l’autre. Le Journal de Levé, réécriture d’un quotidien vidé de ses dates et de ses noms propres, ne retient du réel qu’un référent générique et maximaliste, porté par une voix neutre, étrangement vraisemblable : fiction spectrale qui renouvelle l’expérience du réel du fait de cet écart critique entre le trop connu du monde et ce qu’on en reconnaît dans le texte. La démarche, inspirée de l’art conceptuel, tourne le dos à la tradition de la mimésis.
Abstract
Instead of writing reality into fiction or anchoring fiction in reality: transforming reality into fiction by adopting the existing modalities of its representation. J. Ch. Massera and E. Levé practice two different forms of misappropriation and of re-appropriation, by excess for one, by deficiency for the other. Levé’s Journal, a rewriting of a newspaper emptied of its dates and its proper nouns, only retains a generic and maximalist referent delivered in a neutral, strangely plausible voice: a spectral fiction that renews the experience of reality thanks to the critical gap between the too familiar aspects of the world and what the reader is able to recognize in the text. This kind of narrative, based on conceptual art, turns its back on the tradition of mimesis.
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