Quand le mythographe se fait mythologue : Alexandre Dumas, <i>Isaac Laquedem</i> et l’architecture mémorielle
DOI :
https://doi.org/10.18192/analyses.v8i3.911Résumé
Au début du Second Empire, Alexandre Dumas s’attaque à la rédaction de son projet le plus ambitieux en carrière, le roman Isaac Laquedem, qu’il décrit aux lecteurs du Pays comme « l’œuvre capitale de [s]a vie » et à l’éditeur anglais Sinnett comme « une épopée universelle, qui n’est autre chose que l’histoire du monde, depuis le titan Prométhée jusqu’à l’ange du jugement dernier ». On sait toutefois que les auteurs sont rarement les juges les plus clairvoyants de leurs propres œuvres. Isaac Laquedem, pour diverses raisons, allait demeurer inachevé. Bien qu’il l’ignore, Dumas, en 1852, a terminé sa carrière de mythographe. Ses deux monuments, ceux qui figureraient de manière durable dans notre panthéon laïque (à savoir le cycle des Mousquetaires et Le Comte de Monte-Cristo), sont derrière lui. Très conscient de l’ascendant qu’il a exercé sur l’imaginaire collectif de la Monarchie de Juillet — et qu’il croit toujours exercer —, le père de d’Artagnan entend toutefois construire sa principale cathédrale mémorielle avec Isaac Laquedem : celle qui, retraçant l’ensemble de l’histoire humaine, devra immortaliser le nom d’Alexandre Dumas. Cet article étudie, dans les débris qui restent de ce monumental projet, les stratégies discursives — inefficaces — par lesquelles Dumas signale à son lectorat qu’Isaac Laquedem constitue son grand œuvre.
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