Cahiers de l'ILOB, no. 11 (2021) - Appel à contributions
Appel à contributions
Thème du numéro spécial :
Multilittératies et pédagogies plurilingues au 21e siècle : Réponses critiques à l’ouvrage du New London Group intitulé « A Pedagogy of Multiliteracies » [Une pédagogie de la multilittératie].
Rédactrices invitées :
Angel M. Y. Lin, Ph.D., Professeure titulaire & CRC Niveau 1 en Éducation plurilingue et interculturelle, Faculté d’éducation, Université Simon Fraser
Catherine Levasseur, Ph.D., Professeure adjointe, Institut des langues officielles et du bilinguisme/Official Languages and Bilingualism Institute; Éditrice, Cahiers de l’ILOB, Université d’Ottawa
Geneviève Brisson, Ph.D., Professeure adjointe, Faculté d’éducation, Université Simon Fraser
Keiko Tsuchiya, Ph.D., Professeure agrégée, École supérieure de sciences sociales et culturelles urbaines, Université de la ville de Yokohama, Japon
Rédactrice associée invitée :
Dr. Bong-gi Sohn, Ph.D., Chercheuse post-doctorale, Université Simon Fraser, Courriel: bsohn@sfu.ca
Plus de deux décennies se sont écoulées depuis la publication en 1996 dans la Harvard Education Review de l'article fondateur du New London Group, « A Pedagogy of Multiliteracies : Designing social futures ». Il est donc impératif d'entreprendre un examen critique de la recherche dans ce domaine afin de mettre en évidence les questions urgentes et les nouvelles voies à emprunter en recherche. Bon nombre de défis en éducation à la littératie définis par le New London Group (1996) à l'époque persistent aujourd'hui, et certains d'entre eux se sont même intensifiés. Par exemple, les discours et les politiques néolibérales se sont propagés de manière inexorable dans de nombreuses régions du monde et l'enseignement élémentaire, secondaire et supérieur sont de plus en plus guidés par la logique du marché ainsi que par les impératifs consuméristes. Les flux migratoires traversant les frontières nationales et géographiques se sont intensifiés en raison de la mondialisation, tandis que les nouveaux immigrants (à quelques exceptions près) souffrent toujours d'un manque d'accès à l’enseignement, en particulier l’enseignement supérieur. Cette situation s’avère également vrai pour divers groupes autochtones. Dans de nombreuses régions du monde, où l'excellence aux tests standardisés est l'objectif de facto de l'enseignement, il y a encore très peu de place pour la créativité et l'innovation chez les élèves, les étudiant.e.s et les enseignant.e.s.
Outre ces vieux défis qui persistent, de récents développements dans la société ainsi que dans les technologies de l'information et de la communication créent de nouveaux défis pour l'enseignement des langues et des littératies. Tout d'abord, la relation entre les enseignant.e.s et les élèves a été modifiée de manière significative à de nombreux égards. Dans plusieurs écoles, les enseignant.e.s ne sont plus considéré.e.s comme étant mieux outillé.e.s sur le plan technologique que les élèves, comme le supposait le document de 1996 du New London Group. Les élèves se familiarisent, généralement en dehors du contexte formel de la classe, avec de nombreuses ressources multimodales/transsémiotiques qu’ils utilisent d'une manière qui n'est pas connue des enseignant.e.s. Il faut toutefois ajouter ici une mise en garde, puisque tous les élèves ne sont pas doués également en technologie (Connolly et McGuinnes, 2018) et ils n'ont pas tous le même accès aux ressources numériques (Van Deursen et van Dijk, 2014 ; Collin, Steeves, Burkell et Skelling-Desmeules, 2019). Ainsi, dans de nombreux cas, l'ancien rôle de l'enseignant.e en tant qu’expert.e sur le plan technologique dans la salle de classe a changé ou a été complètement altérée.
Outre l'évolution des relations entre enseignant.e.s et élèves/étudiant.e.s, les développements sociétaux et technologiques ont largement dépassé la compréhension qu’ont les chercheur.euse.s et éducateur.trice.s des phénomènes actuels. La fragmentation sociale due aux tendances tribales des médias sociaux et des groupes YouTube constitue une préoccupation supplémentaire que les pédagogies des multilittératies s'efforcent toujours de comprendre ou de traiter (Garcia, Luke et Seglem, 2018). Combien des quatre principes de la pédagogie des multilittératies proposés par le New London Group (à savoir, l'enseignement en tant que pratique située et transformée, l'instruction ouverte et le cadrage critique) sont encore pertinents ou nécessitent d’être reconceptualisés ? Dans ce numéro spécial, nous vous invitons à soumettre des articles traitant de ces questions et d’enjeux connexes, y compris les trois sujets suivants :
- Une pédagogie des multilittératies (PdM) : Le New London group a élaboré une PdM principalement dans les pays anglophones (aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie, par exemple) ; quelle est sa pertinence dans d'autres contextes dans le monde ? Et si elle a été considérée comme pertinente, comment a-t-elle été reprise, pratiquée et remaniée dans ces divers contextes ?
- Comment une PdM peut-elle être remaniée pour répondre aux problèmes urgents du 21e siècle ?
- PdM et pédagogies plurilingues (les pédagogies du « translanguaging », par exemple) : comment se rejoignent-elles ? Comment redéfinir la PdM dans des contextes plurilingues et pluriculturels ?
Afin de refléter le plurilinguisme, la multilittératie et la diversité, nous encourageons fortement les soumissions qui remanient ou réorganisent les conventions académiques traditionnelles/ les modalités de construction/ représentation/diffusion des connaissances. Cependant, nous acceptons également les propositions conventionnelles. Nous sommes donc ouverts aux soumissions d’articles traditionnels ainsi qu'aux soumissions d’articles conçus de manière créative en utilisant des multilittératies, des modalités multiples, des registres multiples ou des ressources sémiotiques plurilingues et pluriculturelles.
Veuillez soumettre un résumé de 600 mots (et multimodalités) à Madame Bong-gi Sohn, Ph.D.: bsohn@sfu.ca
Calendrier
- Appel de propositions (résumés) : 15 juillet 2020
- Examen à l'aveugle des résumés : 16 juillet - 31 août 2020
- Préparation des manuscrits pour les auteur.e.s dont les résumés ont été acceptés : 1er septembre - 30 novembre 2020
- Évaluation à l'aveugle des manuscrits : 1er décembre 2020 - 15 janvier 2021
- Révision des manuscrits par les auteur.e.s en fonction des commentaires des évaluateur.trice.s : 16 janvier 2021 - 28 février 2021
- Le processus de production de la revue débute pour les articles acceptés; date cible de production : avril 2021
Références
Collin, S., Steeves, V., Burkell, J. et Skelling-Desmeules, Y. (2019). Entre reproduction et remédiation, quel rôle joue l’école envers les inégalités numériques des jeunes d’âge scolaire? Formation et profession, 27(3), 59-76.
Connolly, N. et McGuinness, C. (2018). Vers une littératie numérique pour une participation et une mobilisation active des jeunes dans un monde numérique. Dans Conseil de l’Europe (ed.), Points de vue sur la jeunesse, Vol. 4: Les jeunes à l’heure du numérique (pp. 81-99). Strasbourg, France: Conseil de l'Europe. DOI:10.3917/europ.coll.2018.01.0081
Garcia, A., Luke, A., et Seglem, R. (2018). Looking at the next 20 years of multiliteracies: A discussion with Allan Luke. Theory Into Practice, 57(1), 72-78.
van Deursen, A. J. A. M., et van Dijk, J. A. G. M. (2014). Digital skills: Unlocking the information society. New-York, NY: Palgrave Macmillan. DOI: 10.1057/9781137437037